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L'égorgée titanesque - Vaucluse - 20 Mars 2005



    Avertissement

    Ce récit est l'oeuvre mégalomaniaque d'un "bentrideur" dont la responsabilité ne saurait etre engagée en cas de contestation sur la véracité des faits reportés.

    Le départ

    Pas besoin d'attendre le déclenchement de mon réveil ce matin. Mes paupières s'entrouvrent lentement sur les premières lueurs du jour. Les stries des persiennes se mirent sur mes rétines au travers du peigne fin de mes cils en un flou et mouvant patchwork: ca y est, j'ai le mal de mer! Néanmoins, je constate au passage à quel point il est plus facile de se motiver pour une bonne journée de vélo plutôt que pour une conne journée de boulot. Pourtant, au voisinage de ma masse critiquement avachie, l'espace-temps s'incurve et lorsque mon neurone a fini son interprétation toute personnelle de la théorie de la relativité, l'heure est très avancée. Jérôme et Matthieu débarquent dans quelques minutes. Que vont-ils dire s'ils me trouvent encore en pyjamas, d'autant plus que je n'en porte JAMAIS! Avec toute l'énergie, alliée à la désorganisation fébrile, d'un poulet fraichement étêté sous perfusion de crack, je m'affole en tous sens. Je parviens à finir mon bol d'avoine en me brossant les dents lorsque...

    L'aller en voiture

    ...le Toucan fumant de Jérôme se gare au pied de ma fenêtre dans un ultime ronronment de diesel. Tandis que la rue dort encore à portes fermées, nous arrimons sur le porte vélo mon leurre ricane aux côtés des deux shnocks proofs . Je prends une grande bouffée du ciel uniformément bleu et nous nous engouffrons dans la voiture pour deux heures de route. Jérôme tente immédiatement de nous refourguer des pastilles à l'anis dont la date de péremption est dépassée depuis ses dernières vacances sur la costa del sol, en 1975. Devant notre refus ferme et définitif il décide d'appuyer du gros orteil sur le champignon. Lancés à 130 sur l'autoroute, nous tentons de nous imaginer à bord du Varna à la même allure. Je décide secrètement de passer commande de cet engin dès mon retour. Mais le rêve s'achève brusquement lorsqu'un brouillard le recouvre inéxorablement de son voile épais et poisseux. La poisse, oui! on va pas se taper 200 bornes pour rouler dans la purée de pois. Et puis, j'ai pris mes short et t-shirt taillés sur mesure, pour athlète certes, mais surtout pour la canicule, pas pour le Groënland. Jérôme tente une manoeuvre désepérée: un demi-tour au frein à main. Mais le régulateur de vitesse bloqué l'en dissuade et la panique nous saisi et ne nous lache plus pendant environ 40min, tandis que Matthieu tente nerveusement de contacter la gendarmerie. Ces derniers proposent de tirer dans les pneux. Il décline poliment leur offre de crainte qu'ils ne percent l'IRC tout neuf de son shnock proof. Finallement, la tension s'apaise et, alors que nous nous résignions à rouler dans le gris,...

    L'arrivée au rdv

    ... l'air s'assèche soudain et le soleil nous eblouit les mirettes au moment même ou nous arrivons à notre point de ralliement à Villes d'Auzon. Un comité d'acceuil bien fourni occupe déjà le tarmac de notre prochaine piste d'envol. Il y a là en vrac:
    - Georges et son dragon, organisateur officieux de la rencontre
    - Fédérico sur un tricycle rhino féroce et Jacqueline sur un velo droit de ville tout sage
    - Jean Claude sur son lynx inoxydable, et Christianne dans son quadricycle entièrement carréné à assistance diesel (boo!!)
    - Jean Pierre porté par un bon mistral: peut être qu'il y a bien longtemps, Frédéric Mistral avait découvert ces gorges sur le dos d'une mule nommée Jean Pierre ;-)
    - Franck sur vélo droit en attendant que son tricycle de poche ne sorte effectivement de sa poche!
    - Un autre cycliste, dont le prénom m'echappe, sur un sert(moi le)vélo de belle allure
    Puis quelques instants plus tard:
    - notre Ly Masse adorée et son fidele VK arborant en guise de drapeau son vieux string jaune: de la pure provocation!
    - Denis sur son twister rouge avec maillot jaune...hummm...je ne veux y voir q'une coïncidence!
    Manquent
    - les 3 naïades de Montpellier, mais je ne m'étendrai pas sur ces sujets...par la force des choses :-(
    - une petite pensée pour Jean Claude Magnan, malade: qu'il se rétablisse vite!

    Le temps de remettre les bon prénoms sur les bons visages et les bonnes fesses sur les bons vélos et nous voilà partis vers la première ... boulangerie. Et oui, les quelques mégawatts que nous allons dissiper au cours de la journée méritent de bonnes miches...de pain.



    Effectivement, l'eau des fontaines de Villes d'Auzon n'est pas potable. Mais ne vous attendez pas à une bonne vieille gastro! Non, l'effet se situe sous la ceinture et se manifeste par une poussée d'élephanthiasis comme en atteste ce pauvre garçon. Je comprends mieux le sourire malicieux de la boulangère lorsqu'elle m'a assuré que je ne risquais rien à y emplir mon camelback...j'ai un camelfront desormais!


    La route s'élève doucement comme pour ménager les organismes encore convalescents de la plupart des cyclistes présents. L'air est doux comme un baiser, mes cuisses lourdes comme un bourre-pif WBA. A mesure que nous gravissons la pente, l'émerveillement nous gagne...

    Les gorges

    ..Les gorges de la Nesques s'ouvrent...comme...comme... (oh! non! cette métaphore est trop osée pour un jeune public non averti) et nos yeux s'écarquillent. Sublime faille titanesque dans le calcaire, profonde entaille dans les entrailles de la terre, je me sens si peu de chose (y'en a pas un/une pour me contrarier la dessus, hein!?). C'est simple, on dirait le grand canyon... mais d'une toute autre couleur, avec beaucoup plus de végétation, en beaucoup moins profond et bien moins large, avec une toute petite rivière à la place du Colorado et, surtout, sans les indiens prets à nous empaler de leurs lances Armstrong.



    Une partie du groupe sur la route des gorges de la Nesques. Remarquez la BIOdiversité des machines et des hommes: du tricycle au vélo droit, du guidon bas au guidon haut, du triathlète à la larve humaine (je parle de moi Mireille rassure toi!)



    Lors de la montée nous apercevons le Mont Ventoux fier et solitaire, tout comme Marc qui bientôt nous rejoint. L'homme au chapeau arbore désormais une casquette mais n'a rien perdu de sa bonne humeur qui irradie de toute part. Dailleurs, étendu sur son baron pur plutonium, on pourrait le surnommer Marc-cool. Du reste, il a déjà beaucoup plus de bornes à son compteur geiger que nous autres, puisqu'il vient de Tricastin!
    Mais, soudain au detour d'un virage serré, surgit, telle une hirondelle au printemps, une cycliste affutée comme une flûte à coulisse. Mon sang ne fait qu'un tour et mon ricane qu'un demi tour ... laborieux. La poursuite s'engage, mais pas la conversation. Damn it! Ca doit être ma chaussette rose qui me grille. Contre mauvaise fortune bon coeur, je décide d'accompagner Jacqueline qui ingurgite chaque mètre de l'ascension, en souplesse, à son rythme. A cet instant, aussi incongru qu'un champignon sur un gros orteil, Daniel apparait sur son lynx alors que l'on ne l'attendait plus. A vrai dire, nous ne l'avions jamais attendu puisque que nous ignorions sa présence dans les parrages. Qu'a cela ne tienne, "bienvenu Daniel" et sur ces quelques mots, c'est dans la fumée acre et bleutée de la gomme de ma roue arrière en plein "burning" que je file rejoindre mes accolytes au sommet du col. D'immenses corbeaux plannent à fleur de falaise au gré des thermiques puissants que déchaine la chaleur brulante de ce mois d'Aout..euh... Mars. Tels des vautours, ils attendent l'agonie d'un de ces cyclistes qui ne devraient plus en avoir pour longtemps vu qu'ils sont déjà en position allongée. Pas de chance, nous sommes encore plein de vigueur et notre chair n'est pas encore avariée malgré les "phéromones" de certains qui pourraient en donner l'illusion.


    Ly Masse! Même la route craque complétement pour elle!


    Pour ceux qui ont encore faim....


    Le pic-nic

    ...et ils sont nombreux, une jolie descente menée à vive allure nous conduit au plan d'eau de Monteux où notre pic-nic prend place. L'herbe jaunie et les buissons brunis attestent de la sécheresse qui règne dans la région et le ciel limpide ne laissera pas échapper la moindre larme aujourd'hui. Finallement, pour pouvoir profiter de belles journées chaudes et sèches pour pratiquer le vélo, il faut absolument continuer à contribuer à l'effet de serre en roulant en Hummer le reste de l'année. Côté gastronomique, quelques fromages avaient fait le déplacement, à pied, à en juger par la molesse et l'odeur qui s'en dégageait. Pour ma part, j'avais opté pour une spécialité locale: le nougat. Mais mal m'en a pris, puisque j'ai du subir un traitement similaire à ca:
    ecoutez "le nougat"
    Sous le regard envieux des riverains à la digestion paresseuse, nous reprenons la route en direction de Sault où nous devions faire un saut, non sans avoir quitter à regret Marc qui devait rentrer avant la nuit.

    Un saut à sault

    En chemin, le doute s'installe chez certains participants: vaut-il mieux prendre un café à Sault ou, au contraire, effectuer une boucle sportive avec une ascension plus rude à la clef et finir par une bière. Notre belle unité ne résiste pas à ce cruel dilemne. Nous nous scindons en deux groupes: ceux qui prennent la vie côté relax, et les autres qui préfèrent la frime et l'épendage de poumon sur bitume. Je crée mon groupe perso dont je suis le seul membre: je vais à Sault et je ferai le col! J'entreprends donc de rejoindre Christianne et accessoirement mes chaussures lachement abandonnées dans sa voiture, là haut, dans ce village pittoresque à portée de pédales. La côte ne me fait pas frémir et en quelques minutes les 2.5km sont avalés comme une pastille à l'anis frelatée. Byebye Christianne, et puis retour, mais en descente cette fois, jusqu'au pied du col. Celle-ci me permet de détartrer mes dents dans les courants d'air violents qui s'infiltrent dans mon sourire permanent...

    Course poursuite dans le col du nid des abeilles

    Ils sont 7 devant: Mireille, Denis, Matthieu, Jérôme, Daniel, Georges et Mr. cervelo. Tous des sportifs de haut niveau parfaitement entrainés, certes sur le retour mais avec de beaux restes, Ly Masse compensant ses moins bons restes par du carbone à gogo. Mais je n'ai que 5km de retard: une rigolade! Je vais fondre sur eux comme une bouche amoureuse sur une poitrine dénudée et opulante. Le col de N.D. des abeilles...aille! ca tombe mal, je suis allergique aux morsures de ces bestioles. Ca me fait suffoquer, je deviens tout rouge et boursoufflé. Et bien figurez vous que ce col a les mêmes pouvoir sur mon métabolisme. J'ai les jambes qui brulent. Et c'est là que ma petite voix intervient: "fais gaffe! tu vas foutre le feu aux buissons desséchés. Reste focalisé sur ta cadence, c'est ça, bien rond le pédalage, arrête de bouger la tête comme ça on dirait un chien de plage arrière, pense à t'hydrater...crrchhe pfffftrcr.. va pas te noyer couillon, pense à sourire et avoir l'air relax quand une voiture te croise, respire même si le taux d'oxygene dans l'air semble s'être appauvri au niveau de celui de l'Everest". Pourtant c'est pas 8000m mais bien 900m que je lis sur une borne! Rien en ligne de mire au bout des longues lignes droites à ~7%. Tant pis, je ne les aurai pas rejoins avant le sommet. Je bascule dans la descente. Pas le temps de se laisser griser par la vitesse... attendez un peu, c'est quoi ce mur en face? Le col n'est pas fini! Seule consolation, ils sont là, à 200m devant moi et si je souffre, eux agonisent. J'en veux pour preuve que Jérôme a lâché du lest le long du fossé. Un airzound ici, un sifflet là, une batterie lithium presque nickel (ou vice versa). En tout, pas loin de 5kg de gagnés. Je ne tarde pas à les rejoindre au sommet du deuxième faux col, arborant un visage décontracté. Mais les rivières de sueur qui roulent sur mes joues trahissent trop vite mon épuisement. Un ultime coup de rein afin de franchir la dernière crête, et l'orgasmique descente peu enfin commencer non sans avoir enfiler, au préalable, une petite laine.

    Descente d'antologie

    Au moins 10km de descente à 6-7% à vue de nez, sur une route large au revêtement correct..qui en veut? Jérôme, c'est sur. Toutes les frustrations, les souffrances et les sarcasmes accumulés durant la journée se libèrent en une pointe significative à 84km/h. Accompagné de Denis, ils se paieront même le luxe de faire l'exterieur à une motarde dans un virage relevé en adrélanine (j'aurais choisi de lui faire l'intérieur personnellement!). Mireille réalise également une descente parfaite sans toucher aux freins et sans perdre son dentier qui menaçait pourtant de mordre le bitume à chaque instant. Plus prudent, je resterais loin derrière, saluant la foule nombreuse et en délire qui nous acclame au passage tout en étant suffisamment rapide pour que mon casque se décolle de mon crane. Soit dit en passant, au sommet du col, Daniel, tout en revêtant un maillot de cycliste antique, mais du plus bel effet, nous a soumis un challenge que de nombreux lecteurs ne manqueront pas de relever j'espère: gravir le mont Ventoux depuis Bedoin en moins d'1:30.

    Byebye

    De retour à Villes d'Auzon, Daniel nous a également présenté un model highracer "fait maison" assez séduisant bien qu'inachevé. Un détail intéressant pour Owanestek: la possibilité de s'enfoncer des échardes dans le derche sans recourir à une longue glissade sur le parquet du vélodrome de Bordeaux. En effect, le siège en contreplaqué présente une faille au niveau de l'assise.


    Daniel tout fier de son proto m'explique l'art et la manière d'ôter les échardes au fer à souder, tandis que Georges est en admiration devant le string jaune de Mireille. Matthieu, les jambes lourdes reste cloué au sol et Denis est prêt à partir à l'ascension du Ventoux.



    C'est justement assis à la terrasse d'un café que s'écouleront ainsi les dernières minutes de cette sortie non sans que, dans le soleil rasant, les rescapés du groupe "relax" ne nous rejoignent à notre point de départ.
    Encore deux heures de route vers les Alpes dans des paysages métamorphosés: ce matin c'etait la grisaille sans relief de la vallée de la Vistule version zone industrielle de Cracovie, ce soir ce sont les douces collines parsemées de lavande et d'oliviers qui glissent dans le crépuscule.
    PS: "et non!!!! on n'en veut toujours pas de tes pastilles à l'anis!"




le 22 mars 2005 par Vipère




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