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Histoire Vraie


    Mon canapé tente de me retenir prisonnier. J’ai une paresse naturelle assez développée. Mais parfois je sens que je dois m’échapper, sortir de mon cocon, aller pêcher la baleine en quelque sorte. Appeler cela l’énergie vitale, ou la nécessité d’entretenir une protection cardio-vasculaire minimum.

    Je pars et je reviens. Pas de suspense. Ça se termine sur le canapé, où je me repose. Entre temps, j’ai fait une boucle, je suis revenu à mon point de départ. C’est la vie. Je peux voir ça comme un voyage, mais je sais où ça se termine. Allongé, les pieds devant. C’est ma position sur mon vélo aérodynamique.

    Avant de me lancer sur l’asphalte, il me faut une direction, un parcours, un circuit. J’ai une préférence pour l’ouest ; c’est souvent d’où vient le vent dominant, et Colomb est parti vers l’ouest. Une erreur semble-t-il, mais ça ne me gêne pas. Ça monte un peu au départ. Je pars lentement. Je n’irais pas jusqu’à la mer. Je n’irais jamais jusqu'au bout, puisque je vais revenir. Il me faut des points de virages, et je dois déterminer le sens de mon circuit. J’aime assez le triangle. Il y a deux sommets où je peux le faire éclater si l’envie m’en prend, et une droite entre l’aller et le retour que je peux gonfler comme une baudruche selon l’humeur du jour. Je connais l’itinéraire, mais je peux varier le parcours, voire même découvrir, aller plus loin, si je veux.

    Il y a les gènes, le hasard et la décision du moment: l’instant T qui fait que je serai sous le rocher qui tombe, sur le pont qui s’effondre, où là où la biche a traversé.
    J’aimerais vous faire un photoreportage, mais la lumière sera-t-elle belle ? Il va falloir que je m’arrête, et si c’est en bas de la cote, c’est dur de repartir. Je verrai bien.

    Je sors de ma zone « résidentielle », un ancien village avec petit château, ancienne ferme, la mairie, la poste, l’église avec son nouveau crépi, l’ancien lavoir, le tabac en haut de la cote (demain, j’arrête) et la pâtisserie en face.

    Quelques ronds-points, et voilà le bout de la piste de l’aéroport. Il est là. Je peux partir quand je veux. Je me demande à l’occasion pourquoi je reste. Ailleurs, le lagon est certainement plus bleu. Ici l’herbe est encore assez verte. Ryanair passe de l’autre coté du grillage. La manche à air s’agite. Pourquoi zigzaguer sur les routes ? Effluves de kérosène ou senteurs de champignons ?

    J’aime voir défiler le paysage, j’aime la glisse et la facilité. Je monte trop lentement. Je n’ai pas la tête dans le guidon. J’ai un appui-tête. Je peux regarder les nuages et les rapaces.

    J’ai toujours du mal sur les premières montées, mais je parviens pourtant à avancer, jusqu’à une bonne descente, le cimetière au croisement sans visibilité, mais avec priorité à droite (« Alea jacta est », rapidement si possible) et voilà le pont colombier du XVII ième, ses 5 arches ses piles courtes et rondes surmontées d’une boule, son petit ruisseau à l’eau calme et courante ; il n’y a plus de pigeons.

    Image hébergée par servimg.com

    Coup d’œil rapide car je me lance pour la montée dans le village. Cadence accélérée sous les remparts du château. Je ne vois même pas la princesse qui fait ses carreaux. Mâchicoulis et créneaux. La dame de Veyrac, c’est la princesse du château, derrière son rideau de dentelle. Dans la campagne, il a beaucoup de châteaux.

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    C’est un peu comme les ports sur la mer. Il n’y a pas d’escale partout, car alors on ne se rapproche pas du but. Peut-être même qu’il n’y a pas de princesse dans tous les châteaux. Ce serait une déception, mais il faut assumer. Soyons forts.

    Passées les maisons, les arbres viennent à ma rencontre.
    Image hébergée par servimg.com

    L’atmosphère dans la forêt semble toujours en suspens. Il y a des fées qui rodent, des sortilèges, des mares et des libellules bleues, des étangs avec des sillages de ragondins, et des brochets qui guettent leur proie. L’intrus passe trop vite. Carrefour des cinq routes. C’est selon. Si le ciel s’assombrit, première à droite. Aujourd’hui, c’est le sens des aiguilles d’une montre. Une bonne ligne droite avec des hauts et des bas. Le moteur est chaud. Je peux lâcher les chevaux. Je m’amuse. Ce ne dure qu’un temps au milieu des champs. Cette splendide ferme là-bas, je suis déjà allé la voir de plus près. Granit lourd. Plaques de concours agricoles. Porche d’entrée majestueux.

    Image hébergée par servimg.com

    Encore un autre monde. Plus loin, une allée d’arbres centenaires. Un peu de vent dans les feuilles, comme un effort solitaire qui pourrait passer inaperçu.

    Dans le temps, il y avait plus de fermes que de châteaux, mais avec toute cette richesse produite, c’est l’inverse aujourd’hui. Tout le monde peut acheter une maison de maître, au minimum, mais pas un domaine agricole. La terre se fait rare. Ses fruits aussi. D’ailleurs, il ne faut pas que j’oublie de prendre mes vitamines, en pilules.
    Je vais faire une pause à la prochaine auberge pour un petit Guronzan pression.

    J’ai une bonne descente, sur la route bien sùr. J’accumule l’énergie. Ce n’est pas tant l’accélération qui m’impressionne que la montée facile rapide de la cote suivante. Je me fais mes montagnes russes personnelles, l’estomac au repos. Les croisements m’angoissent. Je vois apparaître des syndromes, des hippodromes, et quelques mélanomes. Revoilà au loin les tours de la ville, gros légo. Skyline. Relais radio.
    Roger do you read me ?
    Yes Emile, 2 ricards.

    Et voilà encore que je m’égare. Heureusement, les télescopages de mots ne laissent pas trop de sang sur les pavés. Je vous mets aussi quelques photos pour que vous ayez le bruit du choc. L’Atoll froissé. C’est le nom du bar du coin des accidents, tenu par un militaire à la retraite qui a fait les essais dans le Pacifique. Et après ils ont interdit la pêche à la dynamite.

    Ça s’accélère sur la fin, c’est normal. Confusions possible. Souffle court. Il y a même un horizon virtuel, donc ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Je cherche de l’autre coté des miroirs. « Perception is reality ». Et si la solution était philosophique ? La tête dans le mur plutôt que dans le four ou dans le pâté ? J’hésite. En passant devant la chapelle un moine enrhumé, un peu crane et le ton sûr de lui, m'a dit :"la vie est bure". Je reviens. Je vois mon canapé qui me tend les bras, au loin là-bas.

    Roue libre ou presque au milieu des aménagements urbains : plantations, haricots, dos d’âne, poireaux, poivrots, piste cyclable effacée : drôle de cuisine, drôle de mélange. J’ai dû faire environ 40 km.

    « Heureux qui comme Ulysse…. », mais là ce sont des histoires de mer, et de Pénélope. Et nous en reparlerons plus tard car maintenant, j’ai une petite sieste à faire.

    Pascal Legrand (tigouille)


le 11 novembre 2007 par Lymass




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